Entretien avec le coordonnateur des centres de lecture en CĂŽte d'Ivoire

A l’occasion de la JournĂ©e internationale du livre 2023, rencontre avec M. Siaka Ouattara Idrissa, Directeur du Centre national technique de lecture publique et de l’animation culturelle de CĂŽte d’Ivoire (CENATELPAC) : il Ă©voque le fonctionnement des CLAC* et les bĂ©nĂ©fices concrets qu’ils apportent aux populations. 

Vous ĂȘtes Directeur du CENATELPAC en CĂŽte d’Ivoire, quel est le rĂŽle de votre structure ?

Le CENATELPAC a pour rĂŽle de mettre en Ɠuvre la politique nationale de lecture publique. A ce titre, il coordonne et gĂšre les centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC)* sur le plan national et a Ă©galement vocation Ă  gĂ©rer les futures bibliothĂšques publiques du MinistĂšre de la Culture et de la Francophonie de CĂŽte d’Ivoire.

Combien y’a-t il actuellement de CLAC en Cîte d’Ivoire ?

Le premier rĂ©seau, composĂ© de dix CLAC, a Ă©tĂ© inaugurĂ© en 2014 au nord du pays. Devant le succĂšs rencontrĂ©, la CĂŽte d’Ivoire a souhaitĂ© dĂ©velopper sa politique de lecture publique Ă  l’échelle nationale. Elle s’est alors dotĂ©e d’une structure technique dĂ©diĂ©e, le CENATELPAC, et a travaillĂ©, avec l’accompagnement de l’OIF, Ă  la mise en place d’un deuxiĂšme rĂ©seau de neuf CLAC implantĂ©s dans huit rĂ©gions du pays, dĂ©jĂ  fonctionnel, et qui sera inaugurĂ© dans le courant de l’annĂ©e 2023. Le rĂ©seau national va continuer de se dĂ©velopper puisque l’objectif du MinistĂšre est de couvrir le territoire national pour permettre Ă  toutes les rĂ©gions d’en bĂ©nĂ©ficier.

Qui fréquente ces centres ?

Les CLAC sont frĂ©quentĂ©s par toutes les tranches d’ñge et toutes les couches socioprofessionnelles. Les jeunes, Ă©lĂšves et Ă©tudiants, constituent la majoritĂ© des usagers. Ensuite, nous avons les enseignants, les autres fonctionnaires, des travailleurs et toute personne intĂ©ressĂ©e par cet espace qui peut servir pour des rencontres associatives.

Que peuvent-ils trouver dans un CLAC ?

Une offre trĂšs diversifiĂ©e. ComposĂ©s de bibliothĂšques et de salles d’animation culturelle, les CLAC facilitent l’accĂšs au livre et Ă  la lecture pour les populations locales. En plus des livres, ces centres mettent Ă  disposition des outils informatiques (ordinateurs et tablettes) avec Ă©normĂ©ment de ressources documentaires virtuelles, mais Ă©galement des jeux Ă©ducatifs pour faciliter les apprentissages. Ils sont aussi des lieux d’animation culturelle, Ă  travers le thĂ©Ăątre, la danse, la musique et donc de promotion des cultures locales. Des activitĂ©s de sensibilisation sont Ă©galement dĂ©ployĂ©es autour d’enjeux sociĂ©taux qui prĂ©occupent directement les populations : par exemple sur le flĂ©au de l’excision, celui des grossesses en milieu scolaire, sur les dangers liĂ©s Ă  la drogue, etc.

Quels impacts pouvez-vous mesurer Ă  moyen terme suite Ă  l’implantation d’un Clac dans une localitĂ© ?

L’un des impacts majeurs que nous mesurons est le taux d’admission aux examens scolaires et aux concours professionnels des usagers. Nous avons constatĂ© qu’il est en constante progression dans les localitĂ©s bĂ©nĂ©ficiaires. Nous avons Ă©galement observĂ© d’autres rĂ©sultats positifs comme le dĂ©senclavement de ces localitĂ©s par l’accĂšs aux moyens modernes de communication et d’information ; le renforcement de la cohĂ©sion sociale entre les diffĂ©rentes communautĂ©s ; la promotion des cultures locales.

La journée mondiale du livre 2023 a pour thÚme les langues autochtones. Est-ce que les CLAC proposent des ouvrages en langues locales ?

Effectivement, les CLAC de CĂŽte d’Ivoire proposent quelques ouvrages en langues locales : gĂ©nĂ©ralement en BaoulĂ©, SĂ©noufo, Koulango,  Abron, BĂ©tĂ©. Je voudrais aussi souligner la grande quantitĂ© d’ouvrages du « fonds pays », constituĂ© de livres qui traitent du pays et/ou de la rĂ©gion et d’ouvrages d’auteurs ivoiriens.

Comment peut-on améliorer cette offre de contenus en langues locales dans les CLAC ?

Il faudrait, d’une part, Ă©largir l’offre aux autres langues parlĂ©es en CĂŽte d’Ivoire et, d’autre part, augmenter le nombre de livres proposĂ©s dans cette catĂ©gorie. Mais de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la difficultĂ© principale en CĂŽte d’Ivoire c’est que l’édition d’ouvrages en langues locales reste encore limitĂ©e.

 

* Les Centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) ont Ă©tĂ© initiĂ©s par l’OIF en 1986. Ils permettent Ă  des populations souvent Ă©loignĂ©es de l’offre culturelle d’accĂ©der aux savoirs, Ă  l’information, Ă  la formation et aux loisirs. 320 CLAC sont aujourd’hui rĂ©partis dans 22 pays de l’espace francophone. 

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